Elle ne chante pas vraiment de chansons tristes... Donc c'est mieux... Je n'ai pas besoin de passer certaines chansons de peur que la tristesse s'empare de moi...

Ces jours ci je me laisse porter par les propositions, je vais je viens... Tout m'est égal... Je me laisse surprendre par les bonnes nouvelles, par les surprises agréables...

J'ai l'impression d'être sans expression.

Comme dans cet exercice d'expression scénique où Christine nous demandait de tenir pendant plusieurs minutes avec une visage neutre. Ne pas sourire, ne pas bouger. Comme si aucun sentiment ne passait en nous. Comme si rien ne nous touchait.

J'y arrivais assez bien parce que j'ai l'habitude de me voiler la face...

C'est fou parce qu'hier, après avoir vu Coline, j'étais vraiment mal, avec Nathalie aussi après, et puis quand je me suis mis dans la tête qu'il allait être l'heure que je LA rejoigne, hop ! tristesse disparue ! Je me suis mise à sourire et plus de problèmes, plus de mal-être...

Christine m'a dit que le mardi soir, il fallait que je continue à faire mes play-back... Je crois que je vais le faire, mais pas que le mardi soir...

Mais c'est pas toujours super parce qu'il n'y a personne qui ne te regarde. Et une fois que tu y as goûté... C'est plus pareil... Mais bon, je vais cesser de vouloir toujours plus, et je vais faire quelques play-back...

Cet après-midi je donne un cours d'espagnol... Charlotte m'a dit qu'avec moi, elle avait plus appris en 3 cours, qu'en une année à l'école... C'est un compliment super je trouve... Enfin en tout cas, à moi, ça m'a fait plaisir...

Ce soir je pars chez mes grands-parents pour le week-end...

Il n'y aura que nous... pas de cousins, de cousines... je ne sais pas ce que je préfère...

C'est peut-être mieux quand il y a du monde, comme ça je me fonds dans la masse et ILS m'oublient un peu...

je vais m'enfermer dans le bureau, je vais peut-être écrire...

Je me sens seule là-bas...

En plus ça me rappelle de mauvais souvenirs...

Quand ILS m'ont appris, dans la voiture, qu'ILS allaient porter plainte, j'ai hurlé, comme je ne l'avais jamais fait, j'étais complètement perdue. À l'intérieur de moi tout était vide, tout était froid, glacial...

Comme si on venait de m'enlever toute la chaleur que j'avais reçu, tout l'Amour...

Comme je le disais l'autre jour à Sylvaine "J'hésite à appuyer sur le bouton que mes doigts frôlent. Il me suffit de défaire ma ceinture de sécurité et d'ouvrir la portière. Je me jetterai sur la route, ma vie sera finie ou alors je serai bien abîmée. Cela mérite bien une vie sans elle."

Et puis bien sûr je n'ai pas ouvert la portière... J'ai frappé violemment la vitre... IL m'a dit d'arrêter, qu'on ne faisait pas ça.

IL avait sûrement peur pour sa vieille voiture...

Oh je ne voulais pas la casser, enfin... si. Mais je voulais me faire mal...

Je voulais avoir mal ailleurs, sur mon corps... Pour enlever un peu de la douleur de mon coeur...

ILS m'ont conduite chez mes grands-parents pour que je reste là-bas pendant quelques jours, pour ne pas qu'il y ait encore d'autres moments violents...

Ma soeur m'a vue arriver... et elle a dit : ah ! la voilà la menteuse....

ça je ne l'ai pas avalé.

Je me suis assise sur le fauteuil vert, en velours... Je pleurais, je coulais de partout, j'avais les cheveux dans un état monstrueux... je m'en était arraché plein, mais bon avec tout ce que j'ai, ça ne se voyait pas trop.

ma grand-mère ma pris la main... "Mon ptit bout..." Là j'ai hurlé...... "AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH... c'est comme ça qu'elle m'appelait... son Tibouuuuu" J'hurlais, je pleurais. Autant vous dire tout de suite que je n'avais plus de voix le lendemain. Ou alors c'était une voix fragile et encore plus rauque que d'habitude, qui sortait de ma gorge.

Puis ILS sont partis parler avec ma grand-mère dans le couloir.

Mon grand père était assis dans l'autre fauteuil vert et il m'a dit... "regarde dans quel état tu es. Tu vois un peu tout le mal qu'elle te fait...".

C'est là que je me suis dit que lui non plus ne me comprendrait jamais.

Il n'est resté que ma grand-mère.

Je n'ai jamais vraiment su ce qu'elle pensait de nous.

Mais en tout cas, elle m'acceptait... Même homo... peu importe.

Elle m'a montré son amour et je lui en suis reconnaissante.

J'ai donc passé des jours là-bas.

J'étais allongée sur le lit... j'avais froid, je tremblais, j'avais de la fièvre.

je ne m'arrêtais pas de pleurer.

J'écoutais "Lucie" de Pascal Obispo. Je m'endormais partout, tout le temps. J'écoutais Obispo toute la journée. Même quand je me douchais.

Il le fallait, c'était le seul moyen de me sentir consolée par Christine. Je l'appelais, quand j'étais mal... Je l'appelais, comme ça... "Christine........................".

Mais elle ne répondait pas. j'étais seule à la campagne, elle devait être chez elle, loin de se douter que je criais son prénom.

Je n'arrivais même plus à écrire. Quelques jours après j'ai repris le stylo et le cahier que j'avais emmenés en Espagne...

Je passais des lettres brûlantes de désirs, et d'espoirs d'un futur proche au desespoir total, à la haine d'EUX et de moi-même.

J'aurais voulu enlever en moi tout le sang que j'avais de commun avec EUX... Mais bon... J'en aurais plus eu beaucoup après...

Bon, là il faut que je m'arrête...

Il faut surtout que j'aille m'habiller...

Si vous avez tout lu, merci...

j'en avais besoin...